Support: Plaque
Matériau: Marbre (blanc)
Décor: Un petit oiseau posé sur un rameau est gravé avant la dernière lettre de la l. 4
Dimensions: 37,8/64/4,8
Lieu de découverte: Bordeaux
Conditions de découverte: Découvert dans la ruette Saubat, en septembre 1836 "en travaillant à un aqueduc [romain]", selon Jouannet (Jouannet 1837-1843; , 1, p. 418) ; la ruette Saubat a été depuis incluse dans la rue Mazarin et il s'agit sans doute, selon Jullian, du point où convergent les rues Saint-Genès et Mazarin.
Lieu(x) de réemploi ou anciens lieux de conservation:
Lieu de conservation actuel: Bordeaux
Institution de conservation: Musée d'Aquitaine
N° inventaire: 60.1.66
Champ épigraphique : Se confond avec la face 1 État de conservation: Très bon Mise en page: Suivant l'axe de symétrie vertical, mais avec un décalage vers la droite, l. 3 et vers la gauche, l. 4
Écriture: Capitale carrée
Style écriture: Caractères parfaitement dessinés et gravés, avec des recherches ornementales tirées du dessin des lettres : ligature, l. 1 (OL) ; T dépassant l'alignement et surplombant les lettres adjacentes ; points séparatifs inclus dans le O final d'Antonio, l. 1 et de domo, l. 3 H. lettres ligne 1 : 8,8. Ligne 2 : 6,9. Lignes 3/4 : 6,5. Interligne 1/3 : 1. Interligne 3/4 : 1,5
Type de texte: Épitaphe
Datation du texte: 51/100
Justificatif datation: Formulaire. La datation peut être approximativement établie d'après les parallèles espagnols (ci-dessous, remarques)
Édition corpus: Robert 1881
, p. 89;
IRB, 1
, p. 182-184, 66;
CIL, XIII
, 612;
ILA, Bordeaux
, 54, photo;
Commentaire bibliographique: Valensi 1971 , p. 62-63, 45, photo; Walser 1988 , p. 254, 114, et p. 255 (photo); Wierschowski 2001 , p. 273, 373; Bost 2002 , p. 16 et 21;
Commentaire bibliographique: Valensi 1971 , p. 62-63, 45, photo; Walser 1988 , p. 254, 114, et p. 255 (photo); Wierschowski 2001 , p. 273, 373; Bost 2002 , p. 16 et 21;
Texte
Commentaires:
Le défunt était originaire de Bilbilis (Pline, NH, 3.24 ; Cerro de Bámbola, Huérmeda, Calatayud dans le Nord-Est de l'Espagne Citérieure). Inscrit comme ses compatriotes dans la tribu Galeria, il est resté fidèle aux usages de sa patrie, un municipe de droit romain dès l'époque augustéenne : le formulaire de son épitaphe, la plaque de marbre rectangulaire qui la porte, sans doute encastrée dans le tombeau, sont caractéristiques de sa province (Alföldy 1975; , p. 479) et surtout de sa cité et différentes de ce que l'on rencontre à Burdigala . En effet, l'épigraphie de Bilbilis , bien que peu abondante, apporte des parallèles modestes, mais significatifs, de l'épitaphe d'Antonius Statutus : les textes funéraires conservés de la même époque sont des plaques rectangulaires avec des épigraphes rédigées de façon similaire ; le nom du défunt y est au nominatif ou au datif, l'âge du défunt est rarement mentionné, à la différence de l'origine et de la filiation (Martín-Bueno & Navarro Caballero 1997; numéros 2 et 3). L'analyse de la pierre indiquerait si la fidélité à sa province d'origine avait été jusqu'à importer la plaque, ou s'il s'agit d'un marbre de Sost ou de Saint-Béat, plus courant sur le marché bordelais, comme le suggère Valensi. L. 4, l'oiseau perché sur un rameau est une allusion pittoresque au surnom du dédicant qui était peut-être le nom servile que lui avait donné son maître, par le rapprochement phonétique d' Ocellio avec aucella, auicella , "petit oiseau" (Jullian, Hirschfeld), qui donnerait un exemple ancien de la prononciation Au > O . On a supposé que ce nom unique viendrait d'ocellus, diminutif hypocoristique d' oculus (Robert 1881; ; Kajanto 1965; , p. 239). Mais cette origine doit être refusée : Kajanto relève la fréquence relative de ce nom unique en pays celtique (Gaules, Rhétie, Norique) ; précisément, il est issu du gaulois ocelo- , "pointe, promontoire" (Delamarre 2001; , p. 200) et attesté surtout en Belgique (Lõrincz 2000; , p. 103) ; un autre exemple s'en trouve en Aquitaine, à Auch (CIL, XIII; , 475). L'esclave acheté par le défunt bilbilitain proviendrait donc du territoire gaulois. Quoi qu'il en soit, on a voulu rapprocher le nom gaulois d'un dessin qui donnait sa traduction latine. La présence d'Antonius Statutus était certainement liée aux activités commerciales qu'entretenait Burdigala avec l'Espagne. Ce courant d'échanges fut actif tout au long du Ier siècle, notamment avec la vallée de l'Èbre où se trouve Bilbilis (Bost 2002; , p. 20-22). Jullian remarque que "Bilbilis, comme Turiaso, dont on retrouve un habitant à Bordeaux (n° 14), était célèbre par son acier, dont la trempe était due, suivant Pline l'ancien (NH, 34.144) à la qualité des eaux. On imagine que c'est le commerce de l'acier qui aura décidé ces deux Espagnols à venir s'établir à Bordeaux", hypothèse reprise par G. Walser, mais elle ne repose que sur la remarque de Pline.
01 L ▴A⁽NT⁾ONI⁽O⁾ ▴L▴F 02 GAL▴STATVTO 03 DOMO▴BILBIL 4 OCELLIO ▴L |
01 L(ucio) A⁽nt⁾oni⁽o⁾ L(ucii) f(ilio) 02 Gal(eria) Statuto, 03 domo Bilbil(itano), 4 Ocellio l(ibertus) . |
Traduction:
À Lucius Antonius Statutus fils de Lucius inscrit dans la tribu Galeria, domicilié à Bilbilis, Ocellio, son affranchi (a construit ce monument).
À Lucius Antonius Statutus fils de Lucius inscrit dans la tribu Galeria, domicilié à Bilbilis, Ocellio, son affranchi (a construit ce monument).
Commentaires:
Le défunt était originaire de Bilbilis (Pline, NH, 3.24 ; Cerro de Bámbola, Huérmeda, Calatayud dans le Nord-Est de l'Espagne Citérieure). Inscrit comme ses compatriotes dans la tribu Galeria, il est resté fidèle aux usages de sa patrie, un municipe de droit romain dès l'époque augustéenne : le formulaire de son épitaphe, la plaque de marbre rectangulaire qui la porte, sans doute encastrée dans le tombeau, sont caractéristiques de sa province (Alföldy 1975; , p. 479) et surtout de sa cité et différentes de ce que l'on rencontre à Burdigala . En effet, l'épigraphie de Bilbilis , bien que peu abondante, apporte des parallèles modestes, mais significatifs, de l'épitaphe d'Antonius Statutus : les textes funéraires conservés de la même époque sont des plaques rectangulaires avec des épigraphes rédigées de façon similaire ; le nom du défunt y est au nominatif ou au datif, l'âge du défunt est rarement mentionné, à la différence de l'origine et de la filiation (Martín-Bueno & Navarro Caballero 1997; numéros 2 et 3). L'analyse de la pierre indiquerait si la fidélité à sa province d'origine avait été jusqu'à importer la plaque, ou s'il s'agit d'un marbre de Sost ou de Saint-Béat, plus courant sur le marché bordelais, comme le suggère Valensi. L. 4, l'oiseau perché sur un rameau est une allusion pittoresque au surnom du dédicant qui était peut-être le nom servile que lui avait donné son maître, par le rapprochement phonétique d' Ocellio avec aucella, auicella , "petit oiseau" (Jullian, Hirschfeld), qui donnerait un exemple ancien de la prononciation Au > O . On a supposé que ce nom unique viendrait d'ocellus, diminutif hypocoristique d' oculus (Robert 1881; ; Kajanto 1965; , p. 239). Mais cette origine doit être refusée : Kajanto relève la fréquence relative de ce nom unique en pays celtique (Gaules, Rhétie, Norique) ; précisément, il est issu du gaulois ocelo- , "pointe, promontoire" (Delamarre 2001; , p. 200) et attesté surtout en Belgique (Lõrincz 2000; , p. 103) ; un autre exemple s'en trouve en Aquitaine, à Auch (CIL, XIII; , 475). L'esclave acheté par le défunt bilbilitain proviendrait donc du territoire gaulois. Quoi qu'il en soit, on a voulu rapprocher le nom gaulois d'un dessin qui donnait sa traduction latine. La présence d'Antonius Statutus était certainement liée aux activités commerciales qu'entretenait Burdigala avec l'Espagne. Ce courant d'échanges fut actif tout au long du Ier siècle, notamment avec la vallée de l'Èbre où se trouve Bilbilis (Bost 2002; , p. 20-22). Jullian remarque que "Bilbilis, comme Turiaso, dont on retrouve un habitant à Bordeaux (n° 14), était célèbre par son acier, dont la trempe était due, suivant Pline l'ancien (NH, 34.144) à la qualité des eaux. On imagine que c'est le commerce de l'acier qui aura décidé ces deux Espagnols à venir s'établir à Bordeaux", hypothèse reprise par G. Walser, mais elle ne repose que sur la remarque de Pline.
Linked Data:
- Marbre : https://www.eagle-network.eu/voc/material/lod/48
- Plaque : https://www.eagle-network.eu/voc/objtyp/lod/105
- Épitaphe : https://www.eagle-network.eu/voc/typeins/lod/92
- Musée d'Aquitaine : https://www.trismegistos.org/collection/550
- Burdigala : https://www.trismegistos.org/place/22864
- Aquitania : https://www.trismegistos.org/place/3924
How to cite: Navarro Caballero M., Maurin L. « PETRAE ILA, Bordeaux 54 », in Dalla Rosa A., Navarro Caballero M., Prévôt N., éds., PETRAE, https://petrae.huma-num.fr, DOI : 10.21412/petrae_160100900054 (consulté le 23 mai 2025).
Dernière modification : 2025-04;
Navarro Caballero Milagros (Editor); Maurin Louis (Editor); Prévôt Nathalie (TEI modelling and database design); Chevalier-Guibert Nolwenn (TEI encoding); Goumillout Emma (Epidoc markup alignment); Comte Florent (3D);