Localisation: France/Nouvelle-Aquitaine/Gironde/Bordeaux
Site (nom antique): Burdigala
(nom moderne): Bordeaux
Province romaine: Aquitania
Support: Cippe
Matériau: Calcaire
Décor: Une petite ascia est profondément gravée vers le centre du socle de la face 1, entre les deux rainures verticales. La partie postérieure est brute. Le sommet et le socle sont reliés au dé par un chanfrein
Dimensions: [68]/45/39
Lieu de découverte: Bordeaux
Contexte local: Rempart gallo-romain
Conditions de découverte: Entre le 58, rue du Loup (au nord) et le 101, cours d’Alsace-et-Lorraine, lors de la mise au jour du rempart gallo-romain en 1868
Lieu de conservation: Bordeaux
Institution de conservation: Musée d'Aquitaine
N° inventaire: 60.1.61
Champ épigraphique a: On a désigné ici comme face 1 ou antérieure (champ épigraphique 1), celle qui porte une épitaphe païenne classique, à gauche de l’autre texte (face 2 ou latérale). La consécration aux Dieux Mânes est gravée sur le bandeau de la corniche, mutilé Dimensions: 35/34. État de conservation:
L’usure et des éclats mineurs sur les arêtes latérales ne gênent aucunement la lecture du texte Mise en page: justification à gauche et à droite, l. 8 centrée. Traces de lignes de guidage Écriture: Capitale carrée Style écriture: Le dessin et la gravure sont d'un bon effet, avec de légères variations dans le corps et le dessin des lettres : par ex. V aux lignes tantôt rectilignes (l. 3) tantôt courbes ; aucun S, aucun R ne sont identiques. Un seul point sépratif en forme de V de très petit corps l. 5. L'abréviation de la l. 7 est commandée par la mise en page Marges: H. marge inf. 0,5 - L. marge g. 1,8 - H. marge sup. 1,2
Champ épigraphique b: Face 2 du dé Dimensions: 35/31. État de conservation: très bon Mise en page: justification à gauche et à droite, l. 9 centrée. Traces de lignes de guidade Style écriture: Sembable à celui de la face I, avec la lettre initiale plus haute (4,8 cm) et les autres d'un corps dans l'ensemble légèrement plus petit, avec un tassement du texte à droite (I réduit, à la fin de la l. 4 pour gagner de l'espace) le dessin a moins de régularité. Un seul point de séparation, l. 6. Les abréviations sont plus rares que sur la face 1, et le mot est abrégé différemmeent, tandis que est en toutes lettres Marges: H. marge inf. 0,5 - L. marge g. 3 - H. marge sup. 2
Type de texte: Non renseigné
Texte a
Édition corpus: IRB, 1 , p. 173-177, 61 (cf. ; IRB, 2 , p. 6, 610, 649); CIL, XIII , 633; Diehl, ICLV , 4445; Engström 1912 , 416; CLE , 2198; Belloc 2006 , A007; ILA, Bordeaux , 107, photos;
Commentaire bibliographique: Sansas 1880 , p. 220-221; Maillé 1959 , p. 20-23; Étienne 1962 , p. 266-268 et pl. XXI (photo); Valensi 1971 , p. 141-142, 12, photo.; Krier 1981 , p. 19-21, 3; Walser 1988 , p. 278-281, 126-127, photos p. 279 et 281; Wierschowski 2001 , p. 283, 391; Bost 2002 , p. 15 et 22;
Commentaire bibliographique: Sansas 1880 , p. 220-221; Maillé 1959 , p. 20-23; Étienne 1962 , p. 266-268 et pl. XXI (photo); Valensi 1971 , p. 141-142, 12, photo.; Krier 1981 , p. 19-21, 3; Walser 1988 , p. 278-281, 126-127, photos p. 279 et 281; Wierschowski 2001 , p. 283, 391; Bost 2002 , p. 15 et 22;
01 [ . ] uac. [ . ] 02 ETMEMOR 03 DOMITIAE 4 CIVISTRE 05 VER▴DFAN 06 XX LEO CON 07 IVGIKARISS 8 POSVIT |
01 [D(is) M(anibus)] 02 et Memor(iae) 03 Domitiae, 4 ciuis Tre- 05 uer(ae), d(e)f(unctae) an(norum) 06 XX, Leo con- 07 iugi kariss(imae) 8 posuit . |
Traduction :
Aux Dieux Mânes et à la Mémoire de Domitia, citoyenne de Trèves, décédée à 20 ans, Leo a élevé (ce monument) à son épouse bien-aimée.
Texte b
Commentaire bibliographique: Sansas 1880 , p. 220-221; Maillé 1959 , p. 20-23; Étienne 1962 , p. 266-268 et pl. XXI (photo); Valensi 1971 , p. 141-142, 12, photo.; Krier 1981 , p. 19-21, 3; Walser 1988 , p. 278-281, 126-127, photos p. 279 et 281; Wierschowski 2001 , p. 283, 391; Bost 2002 , p. 15 et 22;
01 HICIACET 02 EXANI⁽MEN⁾ 03 CORPVSDO 4 MITIAECIV 05 TREVER▴ 06 DF▴VKFEBR 07 POSTVMO 8 COS |
01 hic iacet 02 exani⁽men⁾ 03 corpus Do- 4 mitiae, ciu(is) 05 Treuer(ae), 06 d(e)f(unctae) V k(alendas) Febr(uarias), 07 Postumo 8 co(n)s(ule) . |
Traduction :
Ci-gît, séparé de son âme, le corps de Domitia, citoyenne de Trèves, décédée le cinquième jour avant les calendes de février, sous le consulat de Postumus.
Apparat critique:
Hirschfeld indique à tort des points séparatifs l. 6 et 7 ; comme lui, Jullian en place un, l. 7, pour couper l'épithète après la première syllabe, mais c'est un petit trou circulaire accidentel.
L. 2, exanimen pour exanime. Pour des raisons métriques, l’auteur du texte, "a tenu à graver cet N, puisque, à cet effet, il a réuni en un monogramme l’M et l’E qui le précèdent" : imitation du nominatif neutre grec en en ? (Jullian, p. 175).
L. 2, exanimen pour exanime. Pour des raisons métriques, l’auteur du texte, "a tenu à graver cet N, puisque, à cet effet, il a réuni en un monogramme l’M et l’E qui le précèdent" : imitation du nominatif neutre grec en en ? (Jullian, p. 175).
Commentaires:
Le texte 0B, qui commence par deux vers, a provoqué des interprétations contradictoires. Depuis Sansas, il a été souvent admis que le cippe de Domitia attestait la présence de chrétiens à Bordeaux dès 261. L’inscription fournit en particulier le seul exemple de l’expression initiale hic iacet dans l’épigraphie de la Gaule au IIIe siècle, mais elle est caractéristique des épitaphes chrétiennes aux IVe et Ve siècles. On a donné par suite une interprétation chrétienne de la formule exanime corpus, souligné la spécificité "chrétienne" de la date au jour près (de Maillé, Étienne). La juxtaposition des deux textes est inhabituelle ; elle a amené à supposer que le premier exprimait le paganisme du mari, Leo, qui aurait en quelque sorte sacrifié au christianisme de sa jeune femme en faisant graver le second texte : "le double jeu des inscriptions emporte la conviction" (Étienne). Contre cette interprétation, on se rallie plutôt aujourd’hui à l’analyse prudente de Jullian. Il note, exemples à l’appui, que les formules des l. 1-3 sont attestées dans des inscriptions païennes, comme le montre le recueil des CLE ; H. Belloc rappelle qu’elles sont empruntées à Virgile, Aen. 6.149 : praeterea iacet exanimum tibi corpus amici (cf. aussi Aen. 6.149), que la formule hic iacet est attestée une soixantaine de fois en début de vers ou de poème, qu’il existe quatre hic iacet exanimis (CLE; , 442, 553, 601, 1958) et un autre hic iacet exanimum [---] corpus (CLE; , 430) que celui de Bordeaux. Pour Jullian, déjà, la croyance dans la migration de l’âme après la mort et dans son immortalité n’est pas l’apanage du christianisme. "Ces tendances spiritualistes et ces formules se rencontrent, dès le IIIe siècle, un peu partout chez les écrivains et dans les inscriptions" (on les trouve en particulier dans un certain nombre d’inscriptions métriques).
Même si le formulaire du texte 0B semble conforme "aux principes des chrétiens", ajoute Jullian, "ces présomptions ne sont pas assez fortes pour considérer, même comme probable, le christianisme de Domitia et pour faire, par suite, de cette épitaphe la plus ancienne inscription chrétienne datée qu’ait fourni la Gaule". En effet, les deux textes expriment deux faces du paganisme. Le premier, souligné par l’ascia, trouve de nombreux parallèles parmi les épitaphes païennes de Bordeaux ; le second manifeste l’appartenance de Domitia (et, éventuellement, de son mari) à un cercle cultivé qui se livrait à des réflexions eschatologiques à la mode du temps. Dans ce second texte on trouve, en outre, l’ébauche d’un éloge en vers qui suivait la partie (ici, le texte 1) qui donnait l’état-civil de la défunte, suivant une pratique fréquente sous l’Empire (cf. Cagnat 1914; , p. 280-281). Le texte 0B serait donc, comme l’ont noté J. Krier et J.-P. Bost, l’indice du milieu social élevé dans lequel devait évoluer la défunte ; Leo n’était pas un homme de condition modeste sous prétexte qu’il est désigné par son seul surnom (Étienne) ; Krier suppose au contraire qu’il était un negotiator, commerçant par mer et par voie d’eau avec les régions du Rhin et de la Moselle, où il avait fait la connaissance de son épouse. Étant donné la date du monument et la condition de ciuis Treuera de Domitia, cette femme et son mari, Leo, ne pouvaient être que des citoyens romains. Ils ne sont désignés l’un et l’autre que par leur nom d’usage, gentilice pour la femme, surnom pour l’homme. À la pratique typiquement bordelaise de n’exprimer que le nom d’usage, il faut ajouter ici la simplification de l’onomastique des ciues Romani dès le IIIe siècle, ainsi que les contraintes d’espace propres aux textes versifiés.
Même si le formulaire du texte 0B semble conforme "aux principes des chrétiens", ajoute Jullian, "ces présomptions ne sont pas assez fortes pour considérer, même comme probable, le christianisme de Domitia et pour faire, par suite, de cette épitaphe la plus ancienne inscription chrétienne datée qu’ait fourni la Gaule". En effet, les deux textes expriment deux faces du paganisme. Le premier, souligné par l’ascia, trouve de nombreux parallèles parmi les épitaphes païennes de Bordeaux ; le second manifeste l’appartenance de Domitia (et, éventuellement, de son mari) à un cercle cultivé qui se livrait à des réflexions eschatologiques à la mode du temps. Dans ce second texte on trouve, en outre, l’ébauche d’un éloge en vers qui suivait la partie (ici, le texte 1) qui donnait l’état-civil de la défunte, suivant une pratique fréquente sous l’Empire (cf. Cagnat 1914; , p. 280-281). Le texte 0B serait donc, comme l’ont noté J. Krier et J.-P. Bost, l’indice du milieu social élevé dans lequel devait évoluer la défunte ; Leo n’était pas un homme de condition modeste sous prétexte qu’il est désigné par son seul surnom (Étienne) ; Krier suppose au contraire qu’il était un negotiator, commerçant par mer et par voie d’eau avec les régions du Rhin et de la Moselle, où il avait fait la connaissance de son épouse. Étant donné la date du monument et la condition de ciuis Treuera de Domitia, cette femme et son mari, Leo, ne pouvaient être que des citoyens romains. Ils ne sont désignés l’un et l’autre que par leur nom d’usage, gentilice pour la femme, surnom pour l’homme. À la pratique typiquement bordelaise de n’exprimer que le nom d’usage, il faut ajouter ici la simplification de l’onomastique des ciues Romani dès le IIIe siècle, ainsi que les contraintes d’espace propres aux textes versifiés.
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URI:https://petrae.huma-num.fr/160100900107
©2002 Navarro-Caballero Milagros, Maurin Louis (Édition); Prévôt Nathalie (Encodage TEI); Florent Comte (3D); Nathalie Prévôt (Database Design)