Localisation: France/Nouvelle-Aquitaine/Charente-Maritime/Consac
(nom moderne): Consac
Province romaine: Aquitania
Support: Milliaire
Matériau: Calcaire
Description et état du monument : Borne antique cylindrique transformée en sarcophage sans aucun doute au haut Moyen Age, comme nombre de monuments de ce genre. La cuve du sarcophage était formée par les trois-cinquièmes environ du cylindre, qui avait été scié dans le sens de la longueur. Le morceau le plus volumineux, conservé, avait été creusé pour recevoir le corps d’un défunt et, près des bords de la cuve, les deux parois longitudinales avaient été équarries. Il est probable que l’autre morceau de la borne formait la dalle de couverture du sarcophage, aujourd’hui disparue. On voit mal à quel usage était destinée une mortaise cubique de 7 cm de côté, aux bords usés, qui traverse de part en part la paroi de la tête du sarcophage, épaisse ici de 10 cm : pour supporter éventuellement un ornement, après que la borne eut perdu son usage primitif ? Jusqu’à plus ample informé, il nous paraît vraisemblable que la borne devenue tombe a été enterrée pendant des siècles dans un cimetière à inhumations en sarcophages (non localisé), jusqu’à sa mise au jour, probablement au cours du XVIe siècle, dans des circonstances inconnues.
Depuis la lecture de l’abbé Brottier, l’exposition en plein air de la cuve renversée a littéralement fait fondre la pierre ; l’usure a gommé entièrement les lettres sur le sommet du cylindre, en a conservé de rares traces sur le côté non abrité, mais en permet encore une lecture convenable sur le côté qui touche au mur de l’église et qui était beaucoup mieux protégé des intempéries.
La copie transmise par Brottier laisse présumer que la borne s’est trouvée à l’abri entre son exhumation et le moment où il donna la lecture de l’inscription. A moins que l’exhumation n’ait été faite qu’au XVIIIe siècle. Notons cependant qu’aucun cimetière à inhumations en sarcophages n’a été signalé sur le territoire de la commune de Consac, pas plus d’ailleurs qu’autour de l’église où le cimetière médiéval et moderne a été déblayé, au moins partiellement, à époque récente. En tout cas, la note de Brottier prouve qu’à son époque le texte était parfaitement lisible, et les lettres en excellent état. La cuve est aujourd’hui brisée en deux morceaux inégaux.
La retaille n’empêche pas de restituer avec certitude le volume initial de la borne, en calcaire : un cylindre de 217 cm de hauteur et 57 cm de diamètre. Après la retaille : H. 215 cm ; dimensions à la tête (haut de la borne) : H. 47 ; L. 48 ; au pied : H. 41 ; L. 56.
Lieu de découverte: Consac
Conditions de découverte: La borne est connue par l’abbé Gabriel Brotier (ou Brottier), membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui avait relevé l’inscription dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il signale qu'elle se trouvait à cette époque "dans la demeure de noble Claude Marin, écuyer en Saintonge" (in aedibus nobilis Claudii Marini equitis apud Xantones, parochia de Consac est haec columna lapidea ; Bibl. Nat. ms fr. 10440, f. 19). F.-M. Bourignon a publié sans revoir la pierre le texte de Brottier, apparemment d’après une copie que celui-ci lui avait communiquée (Bourignon 1801; , p. 47). P. Rainguet l’a cherchée en vain : "Nous n’avons pu, en 1860, retrouver les traces de l’habitation de Claude Marin, écuyer du XVIe siècle, mais nous donnons ici l’inscription d’une colonne milliaire découverte dans les ruines de son logis et relevée, au XVIIIe siècle, par l’abbé Brottier" ; il ajoute que la demeure de Claude Marin se trouvait peut-être au hameau dit fief de Consac.
Depuis le passage de Brottier la pierre était considérée comme disparue
Lieu de conservation: Consac
Institution de conservation: Église paroissiale (actuellement le long de la façade sud , près de l'angle avec la façade occidentale ; une restauration prochaine du monument est prévue, avec son installation dans l'église)
Description du champs épigraphique: MédianeAucun cadre ne définit le champ épigraphique sur le cylindre
État de conservation: Très érodé depuis le XVIIIe siècle où l’inscription était lisible sur la moitié gauche environ
Écriture: Capitales, points de séparation, abréviations
Style écriture: Belles lettres carrées, très régulières. Les points séparatifs ne sont plus visibles. Abréviations usuelles de la titulature impériale.
Très bonne mise en page, avec retrait des l. 1 et 9, centrées par rapport au reste du texteLignes 1/2 : 8,5. Lignes 3/4 : 6,5. Lignes 5/8 : 7. Ligne 9 : 12
Type de texte: Borne routière
Datation du texte: 139/146
Justificatif datation: Titulature d’Antonin le Pieux où ne figurent pas les salutations impériales. Il semble que le chiffre des puissances tribuniciennes commence par une haste verticale, si l’on adopte ici la lecture de Brottier, qui paraît certaine (du moins n’est-elle pas infirmée par l’état actuel de la pierre) ; la borne pourrait alors avoir été gravée entre 139 et 141 (t. p. II, III, IIII) ou en 146 (t. p. IX)
Édition corpus: Brottier, BN , Ms fr. 10440, f° 19; Bourignon 1801 , p. 48; Rainguet 1864 , p. 254; Espérandieu 1889a , p. 23-25, n° 7; CIL, XIII , 8899 (; CIL, XVII/2 , 427); ILA, Santons , 115, dessin, photo du support;
Texte
01 [I]ṂP̣C[AESDIVI] 02 [HAD]RI[ANIFDIVI] 03 [TRAI]ẠṆ[IPARTHICI] 4 [NEP]OTI[DIVINERVAE] 05 [PRONE]PO[TITAELIO] 06 Ḥ[ADRIA]NO[ANTONINO] 07 [AVGPI]OP[ONTIFMAX] 8 [TRPOT]I[---COSPP] 09 [ME]D[---] |
01 [I]ṃp̣(eratori)C[aes](ari), [Diui] 02 [Had]ri[anif(ilio)], [Diui] 03 [Trai]ạṇ[iParthici] 4 [nep]oti, [DiuiNeruae] 05 [prone]po[ti], [T(ito)Aelio] 06 Ḥ[adria]no[Antonino] 07 [Aug(usto)Pi]o, p[ontif](ici) [max(imo)], 8 [tr(ibunitia) pot(estate)] I[---], [co(n)s(uli)], [p(atri) p(atriae)] 09 [Me]d(iolano)[---] |
Traduction:
A l’empereur César fils d’Hadrien divinisé, petit-fils de Trajan le Parthique divinisé, arrière-petit-fils de Nerva divinisé, Titus Aelius Hadrianus Antoninus Auguste le Pieux, souverain pontife, en sa … puissance tribunicienne, consul … fois, père de la patrie. Depuis Mediolanum … lieues.
Apparat critique:
La retaille en sarcophage, et la perte de la partie qui était devenue la dalle de couverture, ont entraîné la disparition d’un peu plus de la moitié droite de l’inscription, qui occupait une hauteur de 106 cm sur environ 120 de largeur. On peut déduire cette dernière mesure de la ligne 6 : le mot Hadriano y occupait un espace de 58 cm de longueur ; il était suivi par Antonino, qui comprenait le même nombre de lettres, et était précédé par un vacat (4 cm ?) qui séparait les deux mots.
La lecture de Brottier revue par Espérandieu; :
Imp(eratori) C[aes(ari) Diui]
Hadri[ani f(ilio) Diui]
Traian[i Parthici]
nepoti, [Diui Neruae]
pronepo[ti, T(ito) Ael(io)]
Hadriano [Antonino]
Aug(usto). Pio, po[nt(ifici) max(imo),
tr(ibunicia) pot(estate) I[---, co(n)s(uli), p(atri p(atriae)]
Med(iolano) [---]
La partie qui subsiste aujourd’hui permet de vérifier l’exactitude de la lecture de Brottier, avec les légères retouches apportées par Espérandieu; ; Brottier, l. 4 : neroti pour nepoti ; l. 7 : pro. p. c. pour pio po[nt.].
L. 2, on lisait probablement f. (et non fil.) pour f(ilio), en raison de l’espace disponible ; l. 3, Traiani, et l. 5, pronepoti étaient en toutes lettres. L. 5, il en était de même de Aelio ; l. 7, on lisait probablement pontif. max. sur la partie manquante. Il est aisé de restituer, au début de la l. 6, un H dont subsistent les deux hastes ; l. 6, il reste le jambage vertical du P qui suivait le O ; l. 8, une haste verticale représente le chiffre 1. En définitive, on n’a donc que des modifications tout à fait secondaires à apporter à la lecture de Brottier revue par Espérandieu.
La lecture de Brottier revue par Espérandieu; :
Imp(eratori) C[aes(ari) Diui]
Hadri[ani f(ilio) Diui]
Traian[i Parthici]
nepoti, [Diui Neruae]
pronepo[ti, T(ito) Ael(io)]
Hadriano [Antonino]
Aug(usto). Pio, po[nt(ifici) max(imo),
tr(ibunicia) pot(estate) I[---, co(n)s(uli), p(atri p(atriae)]
Med(iolano) [---]
La partie qui subsiste aujourd’hui permet de vérifier l’exactitude de la lecture de Brottier, avec les légères retouches apportées par Espérandieu; ; Brottier, l. 4 : neroti pour nepoti ; l. 7 : pro. p. c. pour pio po[nt.].
L. 2, on lisait probablement f. (et non fil.) pour f(ilio), en raison de l’espace disponible ; l. 3, Traiani, et l. 5, pronepoti étaient en toutes lettres. L. 5, il en était de même de Aelio ; l. 7, on lisait probablement pontif. max. sur la partie manquante. Il est aisé de restituer, au début de la l. 6, un H dont subsistent les deux hastes ; l. 6, il reste le jambage vertical du P qui suivait le O ; l. 8, une haste verticale représente le chiffre 1. En définitive, on n’a donc que des modifications tout à fait secondaires à apporter à la lecture de Brottier revue par Espérandieu.
Commentaires:
L’indication des distances était certainement en lieues. La pratique de la lieue semble s’être répandue en Aquitaine dès le règne de Nerva (voir, sur deux bornes datées de ce règne : Maurin & Tassaux 1979; , p. 265, à Saintes, cf. ILA, Santons; , 118 ; Denimal et al. 1983; , p. 241, à Brives). La disposition du texte indique que, comme sur les bornes de Pons (ILA, Santons; , 116 et 117), la ville de Saintes était désignée par le seul nom de Mediolanum, et non par le nom double (Mediolanum Santonum) que l’on ne rencontre que sur l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger (Maurin 1978; , p. 140).
Il paraît certain que cette borne jalonnait une route de Saintes à Bordeaux, encore que, comme il arrive souvent, nous ignorions le lieu où elle fut implantée à l’époque antonine ; étant donné la massivité de la pierre, nous pouvons néanmoins le supposer à proximité immédiate ou relative. Elle a paru fournir le témoignage essentiel sur l’existence, entre Blaye et Saintes, d’une route impériale directe reliant Saintes à Bordeaux, qui n’est attestée ni par l’archéologie (en particulier par l’interprétation des photographies aériennes), ni par les itinéraires anciens. Mais elle peut aussi bien avoir été dressée le long de la voie côtière qui est, elle, bien assurée.
Il paraît certain que cette borne jalonnait une route de Saintes à Bordeaux, encore que, comme il arrive souvent, nous ignorions le lieu où elle fut implantée à l’époque antonine ; étant donné la massivité de la pierre, nous pouvons néanmoins le supposer à proximité immédiate ou relative. Elle a paru fournir le témoignage essentiel sur l’existence, entre Blaye et Saintes, d’une route impériale directe reliant Saintes à Bordeaux, qui n’est attestée ni par l’archéologie (en particulier par l’interprétation des photographies aériennes), ni par les itinéraires anciens. Mais elle peut aussi bien avoir été dressée le long de la voie côtière qui est, elle, bien assurée.
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URI:https://petrae.huma-num.fr/160101200244
