Localisation: France/Occitanie/Gers/Lectoure
Site (nom antique): Lactora
(nom moderne): Lectoure
Province romaine: Aquitania
Support: Autel
Matériau: Marbre (de Saint-Béat)
Description et état du monument : Autel ("cippe", à tort, dans CAG, Gers). Une importante fracture partage le support en deux parties superposées et affecte les quatre faces. Corniche arasée à l'arrière et écornée aux angles antérieurs ; base incomplète aux angles et sur le côté gauche.
Ornement : Corniche, moulure, rosette.Fleur Patère
Décor: Corniche et base moulurées sur trois côtés, tandis qu'à l'arrière, la transition entre la base et le fût, lissé, s'opère sous la forme d'un pan coupé. Couronnement présentant deux bandeaux pourvus d'un cordon médian (cf. ILA, Lactorates, 10) et décorés en façade par une rosette à pétales rondes en forme de perles (cf. ILA, Lactorates, 10). Reste de fastigium et de focus (diamètre : 11 cm) largement martelés. Sur le flanc droit, restes d'un vase à libations totalement arasé (hauteur : 17 cm). Sur le flanc gauche, patère en relief, sans queue, à bouton central (diamètre : 19,5) rappelant celle de ILA, Lactorates, 10. Les parentés avec ce dernier autel montrent qu'il y a eu utilisation du même type de support dans le domaine religieux comme dans le domaine funéraire
Dimensions: 76
Lieu de découverte: Lectoure
Conditions de découverte: Inconnues ; mais avant la fin du XVIe siècle, puisque Sanloutius vit le monument dans la nouvelle halle, où il avait été encastré en 1591 comme la plupart des autels tauroboliques. Il se pourrait donc qu'il ait été découvert avec ceux-ci lors des travaux de réfection du chœur de la cathédrale, vers 1540
Lieu de conservation: Lectoure
Institution de conservation: Musée de Lectoure
N° inventaire: 22
Description du champ épigraphique: Non mouluré, confondu avec la face principale du fût. Mais la première ligne du texte est inscrite sur le bandeau d'attique, et la dernière sur la base Dimensions: 30,7 max/35
État de conservation: La fracture qui affecte tout le monument a détruit partiellement ou totalement les lettres à la hauteur des lignes 6 et 7
Écriture: Capitale carrée
Style écriture: Lettres profondément gravées dont les pieds sont marqués : F avec barre inférieure décalée vers le haut ; Q et R avec queue et dernier trait souples ; O ovales et penchant légèrement vers la gauche (cf. ILA, Lactorates, 10). La mise en page est convenable même s'il reste un vide à la fin de l'avant dernière ligne (alors qu'on a utilisé un petit I, inutile, au début de cette même ligne ; autre petit I, justifié, l. 9). Les deux dernières lignes plongent vers la droite. Les points, triangulaires lancéolés, séparent presque tous les mots, ce qui convient à la structure hachée du texte (notamment dans les lignes 2-4), mais sont parfois mal placés (ligne 5 et 9, au milieu d'un nom). L'utilisation de lettres plus hautes, à la première ligne, et la présence des deux rosettes assez imposantes ont certainement conduit à resserrer les lettres composant la formule initiale, à ne pas les répartir de manière plus lâche ou à ne pas les séparer par des pointsLigne 1 : 5,3. Ligne 2 : 3,6. Ligne 3 : 3,8. Ligne 4 : 3,7. Ligne 5 : 3,6. Ligne 7 : 3,5. Ligne 8 : 2,9. Ligne 9 : 3,5
Hauteur min. lettres: 2.5 Hauteur max. lettres: 5.3
Type de texte: Épitaphe
Datation du texte: 151/200
Justificatif datation: Formulaire (superlatif) ; typologie du support (similitude avec ILA, Lactorates, 10)
Édition corpus: CIL, XIII , 530; Lapart & Petit 1993 , p. 219, et pl. VIII, p. 220; ILA, Lactorates , 32, photos du support;
Commentaire bibliographique: Cumont 1928 , p. 73-85, avec bibliographie antérieure;
Texte
01 DIM 02 NON▴FVI▴FVI▴ME 03 MINI▴NON▴SVM 4 NON▴CVRODO 05 Ṇ▴NIAITALIA▴AN 06 ṆORṾṂ▴XX▴HIC 07 QVI▴EṢC̣ỌṢṂ[ . . ] 8 TIVS▴ETDONNIA 09 CAL▴LISTE▴L▴PIISSIMAE |
01 D(is) I(nferis) M(anibus), 02 non fui fui me- 03 mini non sum 4 non curo Do- 05 ṇ nia Italia, an- 06 ṇorụṃ XX, hic 07 qui eṣc̣ọ Ṣṃ[in]- 8 t(h)ius et Donnia 09 Cal liste, l(ibertae) piissimae |
Traduction:
Aux Dieux Mânes Infernaux. Je n'ai pas existé ; j'ai existé, je m'en souviens. Je n'existe plus ; je n'en ai cure (ou, plutôt, je n'ai plus de souci). Moi, Donnia Italia, âgée de vingt années, je repose ici. Smint(h)ius (?) et Donnia Calliste à leur affranchie très respectueuse.
Apparat critique:
Ponctuation incomplète, l. 5 et 7.
Commentaires:
Ce texte émane d'un milieu de condition ou d'origine serviles qui a sans doute une origine non locale. Le surnom de l'affranchie, exceptionnel, a en effet toutes les chances d'avoir une connotation ethnique (dans ce sens, Wierschowski 1995; , p. 117, 124, 215, 294, 315, 326) moins liée peut-être à l'origine même de cette personne qu'à celle de sa patronne. Le gentilice Donnius, a, à consonnance celtique (Whatmough 1970; , p. 9, 78, 82-85 ; Evans 1967; , p. 195 ; cf. CIL, XIII; , 5, surnom) est en effet surtout connu en Italie du Nord (et en Narbonnaise ; Mócsy 1983; , p. 106). On notera que contrairement à une idée reçue, la patronne, qui porte un surnom grec (inconnu ailleurs en Aquitaine méridionale), a donné un nom latin (c'est un nom majoritairement porté par des esclaves ou affranchis (, p. 180 ; Solin 1996; , I, p. 31 : surnom utilisé surtout d'Auguste au milieu du IIe siècle) à son esclave qui a été affranchie, pour des raisons d'affection, avant d'avoir atteint l'âge de 30 ans. Par ailleurs, il y a des chances pour que le personnage masculin, porteur d'un nom unique et dont la filiation n'est pas indiquée (ce qui aurait été certainement le cas s'il avait été un pérégrin), soit l’esclave ou l’affranchi de Calliste et c'est par affirmation excessive des effets d'une union sans doute illégitime que la dernière ligne du texte laisse croire qu'il est lui aussi le patron de Calliste. La restitution proposée par CIL; ,C M[VNA]/TIVS, ne nous semble pas acceptable : en effet, elle implique de rétablir trois lettres in fine, ce qui semble excessif ; par ailleurs, avant le M, on note la trace d'un arrondi qui pourrait correpondre à un O ou plutôt à un S ; c'est pourquoi, à titre de pure hypothèse, nous avons proposé de comprendre [S]M[IN]/TIVS, nom exceptionnel, mais qui se retrouverait dans celui du prêtre de Cybèle ayant officié en 176, sans que nous puissions assurer qu'il s'agisse du même personnage, même si, au-delà de l'homonymie, la mention par le seul surnom et l'ambiance non locale de l'onomastique et de l'épitaphe versifiée, ainsi que la datation des documents ne s'y opposent pas ; cette solution impliquerait la restitution de seulement deux lettres en fin de ligne, lettres gravées à mi-corps, comme l'ont été, nous l'avons dit, deux I aux lignes 8 et 9.
La nature même du texte correspond assez bien à cette origine "étrangère" des auteurs de l'épitaphe. Tout d'abord, l'invocation initiale (on pourrait aussi bien développer inferis qu'infernis, cf. par exemple AE; , 326, Apt) qui est, à notre connaissance, inconnue en Aquitaine méridionale. Surtout, la formule versifiée des lignes 2 à 5 (trochée septenaire incorrect) qui apparaît pour l'unique fois en Aquitaine (mais qui ne manque pas de parallèles notamment en Italie ; voir notamment CIL; , 1813 et 2893, où le formulaire est indiqué uniquement par l'initiale des mots, ce qui laisse entendre qu'il était largement connu et ouvre peut-être une piste quant à l'origine de nos individus, par exemple) traduit un certaine prétention culturelle et comporte une certaine contradiction, apparemment assumée, entrel'idée épicurienne que la mort est la fin de toute vie, signifie le néant (idée que Marc-Aurèle lui-même accepte et qui correspond encore à l'ancienne religiosité définie par H.-I. Marrou) et l'invocation des puissances de l'au-delà, entre la non-existence passée et à venir et le souvenir de l'existence terrestre qui est revendiqué par la morte (mais on peut lire, au deuxième degré, l'allusion de la part des patrons, auteurs de l'épitaphe, au souvenir des bons traitements prodigués à leur chère affranchie, qui était peut-être chérie à l'égal d'une fille).
La nature même du texte correspond assez bien à cette origine "étrangère" des auteurs de l'épitaphe. Tout d'abord, l'invocation initiale (on pourrait aussi bien développer inferis qu'infernis, cf. par exemple AE; , 326, Apt) qui est, à notre connaissance, inconnue en Aquitaine méridionale. Surtout, la formule versifiée des lignes 2 à 5 (trochée septenaire incorrect) qui apparaît pour l'unique fois en Aquitaine (mais qui ne manque pas de parallèles notamment en Italie ; voir notamment CIL; , 1813 et 2893, où le formulaire est indiqué uniquement par l'initiale des mots, ce qui laisse entendre qu'il était largement connu et ouvre peut-être une piste quant à l'origine de nos individus, par exemple) traduit un certaine prétention culturelle et comporte une certaine contradiction, apparemment assumée, entrel'idée épicurienne que la mort est la fin de toute vie, signifie le néant (idée que Marc-Aurèle lui-même accepte et qui correspond encore à l'ancienne religiosité définie par H.-I. Marrou) et l'invocation des puissances de l'au-delà, entre la non-existence passée et à venir et le souvenir de l'existence terrestre qui est revendiqué par la morte (mais on peut lire, au deuxième degré, l'allusion de la part des patrons, auteurs de l'épitaphe, au souvenir des bons traitements prodigués à leur chère affranchie, qui était peut-être chérie à l'égal d'une fille).
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URI:https://petrae.huma-num.fr/160101700032
©2013-10-02 Sillières Pierre, Fabre Georges (Édition); Prévôt Nathalie (Encodage TEI); Nathalie Prévôt (Database Design)