Localisation: France/Nouvelle-Aquitaine/Gironde/Bordeaux
Site (nom antique): Burdigala
(nom moderne): Bordeaux
Province romaine: Aquitania
Support: Base de statue
Matériau: Marbre (gris des Pyrénées : Jullian, p. 96-99)
Décor: Plateau (H 13 ; L 60 ; E 44) dans lequel ont été ménagés six mortaises pour ancrer une sculpture vraisemblablement en bronze : des scellements de plomb maintiennent des tiges de bronze de section carrée (2 cm de côté) qui sont parfois fixées en biais et qui ont été sectionnées ; ces scellements comportaient des éléments de fer dont il reste des traces et qui expliquent les zones d'éclatement de la pierre sur les faces 1 et 4 du plateau. Corniche : cimaise formée d'une doucine droite surmontant un cavet, répondant au cavet et à la doucine renversés qui couronnent le haut socle (hauteur 38). Dé : sur la face 1, cadre mouluré (talon) délimitant le champ épigraphique. Les faces 2 et 4 sont nues. Sur la face 3, couronne de chêne en relief (diam. 36 ; marge supérieure : 36) ; ce relief indique que la base était visible de tous côtés
Lieu de découverte: Bordeaux
Contexte local: Rempart gallo-romain
Conditions de découverte: 6, rue Guillaume Brochon (ancienne rue Neuve de l'Intendance), lors de la mise au jour du rempart antique en 1828 (Jouannet)
Lieu de conservation: Bordeaux
Institution de conservation: Musée d'Aquitaine
N° inventaire: 60.1.20. Dim. : 168/73/58
Description du champ épigraphique: Légèrement creusé à l'intérieur d'un cadre Dimensions: 74/45
État de conservation: Excellent
Écriture: Capitale carrée
Style écriture: Lettres très soignées, d'une belle écriture ; certaines maladresses cependant : barre horizontale de T légèrement oblique, l. 3, 5, 6 ; les lettres des l. 6-8 sont un peu grasses. Recherches graphiques : apices multiples, l. 1, 3, 4, 5, 8 ; dessin de certaines lettres (V, à la fin de la l. 2), qui tourne au maniérisme ; ajoutons la dimension variable des lettres dans une même ligne, les ligatures (l. 3, AV ; l. 8, DE). "Il n'y a plus aucune proportion entre les pleins et les déliés, entre les lignes minces et renflées" (Jullian, IRB; , p. 426).
En réalité, ces particularités tiennent au manque de maîtrise dans la mise en page, qui contraste avec la qualité de la gravure. L'intention était de présenter le texte suivant l'axe de symétrie vertical. Mais, malgré un effet d'ensemble passable, l'ordinatio du texte est très défectueuse. Les maladresses sont multiples dans l'espacement des lignes et, pour chaque ligne, dans l'estimation de la longueur du texte et du cadrage. L. 1 : malgré un déplacement du second E vers la droite, l'espace subsistant est comblé par un point de séparation en fin de ligne. L. 2 : le mot est mal centré. L. 3 : les ligatures s'expliquent par la volonté de caser le nomen du donateur, alors que trop d'espace a été consacré aux trois premières lettres (mais la pseudo-ligature finale est une forme de maniérisme, car l'espacement des lettres I et V est trop grand). À nouveau, le mot de la l. 4 est mal centré. L. 4/5 : l'ampleur de l'interligne n'est pas justifiée, et elle obligera plus bas à tasser les l. 9 et 10. L. 5/6 : la solution trouvée pour la césure (malgré le petit corps de V) est tout à fait inélégante. La l. 7 est mieux venue, encore faut-il noter le léger tassement des deux D qui la terminent, avec le point de séparation orienté verticalement et non plus horizontalement. Malgré l'effort consenti par le graveur au début de la l. 8, avec la ligature DE, il a été obligé de superposer les deux lettres finales, alors qu'il avait sans doute prévu initialement de reporter Iuliano à la ligne suivante, ce qui aurait été plus logique pour le contenu du texte ; ainsi doit s'expliquer l'espace au début de la l. 9, qui n'a pas été recentrée. Les traces de lignes de guidage n'ont pas toutes été poncées ; on les voit encore nettement l. 3 et 8
Type de texte: Dédicace votive
Datation du texte: 224
Justificatif datation: La date consulaire et celle du jour sont données dans le texte
Édition corpus: IRB, 1 , p. 59-66, 20; CIL, XIII , 584; ILS , 3733; Walser 1988 , p. 100-101, 38; ILA, Bordeaux , 17, photo;
Commentaire bibliographique: IRB, 2 , p. 426-427; Valensi 1971 , p. 48-49, 31;
Texte
01 TVTELAE▴ 02 AVG 03 C▴OCT⁽AV⁾IVS 4 VITALIS 05 EX▴VOTO▴POSV 06 IT 07 L▴D▴EX▴D▴D 8 ⁽DE⁾DIC▴XK▴IVL▴IVLIANO 09 II▴ET▴CRISPINO▴COS |
01 Tutelae 02 Aug(ustae), 03 C(aius) Oct⁽au⁾ius 4 Vitalis 05 ex uoto posu- 06 it, 07 l(oco) d(ato) ex d(ecreto) d(ecurionum), 8 ⁽de⁾dic(atum) X k(alendas) Iul(ias), Iuliano 09 II et Crispino co(n)s(ulibus) . |
Traduction:
À la Tutelle Auguste, Gaius Octavius Vitalis a élevé (cette statue) à la suite d'un voeu. Emplacement attribué par décret des décurions. La dédicace a été exécutée le 10 des calendes de juillet, étant consuls Iulianus pour la 2e fois et Crispinus.
Commentaires:
Par le matériau, l'ornementation, le contenu, ce monument est un indice de la santé, au début du règne de Sévère Alexandre, de la capitale des Bituriges Vivisques, et il rejoint le témoignage des autres inscriptions datées des années 220-240. Cette base de statue devait probablement être complétée par un autel (Van Andringa 2002; , p. 198 ; p. 204 n. 81). Elle témoigne du caractère public de ce culte de la divinité protectrice de la ville, ce que sanctionne l'autorisation donnée par le conseil des décurions que ce texte est le seul à mentionner pour le Haut-Empire.
Les témoignages du culte de la Tutelle sont particulièrement bien attestés dans le Sud-Ouest, à Auch, Bordeaux, Dax, Périgueux, Poitiers, chez les Convènes, en plusieurs lieux de la cité des Nitiobroges, depuis le milieu du iie siècle. Sur la base de Bordeaux, elle est dégagée des divinités locales auxquelles elle est fréquemment associée dans la province (Vesunna, Ussubius, Apollon Cobledulitavus, Apollon Matuix) où elle est d'ailleurs à plusieurs reprises nommée dea Tutela (voir le n° 19). Le dédicant porte un gentilice prestigieux peu répandu en Aquitaine (un seul autre cas, à Auch, CIL; , 477), au contraire de son surnom latin (Kajanto 1965; , p. 274 ; Lõrincz 2002; , p. 176-177).
Les témoignages du culte de la Tutelle sont particulièrement bien attestés dans le Sud-Ouest, à Auch, Bordeaux, Dax, Périgueux, Poitiers, chez les Convènes, en plusieurs lieux de la cité des Nitiobroges, depuis le milieu du iie siècle. Sur la base de Bordeaux, elle est dégagée des divinités locales auxquelles elle est fréquemment associée dans la province (Vesunna, Ussubius, Apollon Cobledulitavus, Apollon Matuix) où elle est d'ailleurs à plusieurs reprises nommée dea Tutela (voir le n° 19). Le dédicant porte un gentilice prestigieux peu répandu en Aquitaine (un seul autre cas, à Auch, CIL; , 477), au contraire de son surnom latin (Kajanto 1965; , p. 274 ; Lõrincz 2002; , p. 176-177).
XML EpiDoc
URI:https://petrae.huma-num.fr/160100900017
©2002 Navarro-Caballero Milagros, Maurin Louis (Édition); Prévôt Nathalie (Encodage TEI); Florent Comte (3D); Nathalie Prévôt (Database Design)