Localisation: France/Occitanie/Gers/Lectoure
Site (nom antique): Lactora
(nom moderne): Lectoure
Province romaine: Aquitania
Support: Autel
Matériau: Marbre (de Saint-Béat)
Description et état du monument : Couronnement entièrement arasé ; corniche brisée aux angles antérieurs ; moulure de la base abîmée sur la face antérieure. Zone périmétrale des faces latérales et arrière travaillée au ciseau. Ce même traitement se remarque à la partie supérieure, cas unique à Lectoure, ce qui laisse supposer ou bien que le monument était pourvu d'un couronnement autonome, ou bien qu'il était surmonté par une plinthe servant à supporter une statuette (l'une ou l'autre hypothèse pouvant justifier l'absence de la mention de la divinité sur le fût inscrit). Mais il est sans doute plus probable qu’il ait été très soigneusement arasé au Moyen Age, lors de sa réutilisation comme support de table d’autel (Du choul 1556, 2e éd. 1581; , p. 87).
Ornement : Corniche, moulure, Patère
Décor: Corniche et base moulurées sur trois faces ; à l'arrière, pan coupé en haut et en bas. Champ épigraphique délimité par un cadre mouluré. La base est pourvue de cartouches moulurés rectangulaires, deux en façade (14 x 22,3 et 14 x 22), un seul sur chaque flanc (14,7 x 21 à droite ; 13,2 x 20,5 à gauche). Sur la face de droite, patère à bouton central et à manche orienté vers le bas se terminant en triangle (hauteur : 23 cm ; diamètre du disque : 13 cm). Sur la face de gauche : tête de taureau (hauteur : 21 cm) effacée avec un soin qui tranche avec la technique utilisée dans tous les autres cas de martelage à Lectoure
Dimensions: 91,5
Lieu de découverte: Lectoure
Conditions de découverte: Inconnues. Du choul 1556, 2e éd. 1581; , p. 87, indique : "Et en la dicte vile de Lectore, en un petit temple ruiné de Saint-Thomas, se voit en une colonne, qui soustient l'autel, l'épitaphe cy après mis"
Lieu de conservation: Lectoure
Institution de conservation: Musée de Lectoure
N° inventaire: 2
Description du champ épigraphique: Mouluré et bombé ; le texte utilise aussi les cartouches ménagés sur la base Dimensions: 52/37
État de conservation: Bon
Écriture: Capitale carrée
Style écriture: Lettres capitales carrées, à l'emprise souvent large (M, N, R ; C, D, G), surtout dans les premières lignes, et aux empattements bien marqués. N avec une première haste penchant vers la droite ; E et L avec barre inférieure plus longue ; A avec barre déplacée vers le haut ; Q avec queue élégante.
Le soin apporté à la mise en page de ce texte officiel, pour lequel des lignes de guidage ont été utilisées, apparaît dans le fait que les lettres initiales sont pratiquement à l'aplomb et que seule la ligne 10 apparaît légèrement décentrée, laissant un vide à droite. La tâche de l'ordinator n'était pas facile, puisqu'il devait prévoir la gravure du plus long texte non seulement de la série datée de 241 mais aussi de tout le corpus lectourois et même, sans doute, de tous ceux que l'Aquitaine méridionale a livrés, d'où la nécessité d'utiliser les deux caissons de la base, chacun abritant un des deux noms du prêtre ayant officié, et le recours à des lettres légèrement plus petites aux lignes 13 à 15. Mais on soulignera la maîtrise des coupures des mots et la parfaite distinction des éléments constituant le texte : bénéficiaires du taurobole, auteur de ce dernier, mention des deux consuls, mention des deux curatores puis noms du prêtre. Or l'appel à des ligatures a été somme toute limité à des formules aisément déchiffrables et les inclusions ou utilisations de petits O ne manquent pas d'élégance (de ce point de vue la ligne 12 est instructive ; noter la forme particulière de la ligature IL à la ligne 4).
Enfin la qualité du projet ressort de l'utilisation des I longae, sans doute pour traduire une accentuation (l. 1, 3, 4 ; dans ce dernier cas, un tel usage permet de bien distinguer le numéral de l'indication des ides), minutae afin de gagner de la place (l.6 et l.3). On remarquera aussi le recours à des hastes raccourcies afin de loger le tilde surmontant le numéral à la ligne 13. Quant à la ponctuation, elle se présente sous la forme de points lancéolés assez discrets. Restes de peinture récente au fond des lettresLignes 1/5 : 2,7. Ligne 6 : 2,8. Ligne 7 : 2,7. Lignes 8/9 : 2,8. Lignes 10/12 : 2,7. Ligne 13 : 1,9. Lignes 14/15 : 1,8. Ligne 16 : 2,2
Hauteur min. lettres: 1.8 Hauteur max. lettres: 2.7
Type de texte: Dédicace votive
Datation du texte: 241/241
Justificatif datation: Indication du jour et mention des consuls
Édition corpus: CIL, XIII , 511, ce texte a inspiré Beaumesnil, ; CIL, XIII , 48, et partiellement ; CIL, XIII , 51; ILS , 4126; Duthoy 1969 , p. 45-46, 109; CCCA, 5 , p. 87-88, 229; Lapart & Petit 1993 , p. 218, photo du support, et pl. VI, p. 216; ILA, Lactorates , 16, photos du support;
Commentaire bibliographique: Étienne 1973 , CLXXVII, et pl. X; Lerat 1977 , p. 290-291, 204; Loriot & Nony 1977 , p. 224, 184B;
Texte
01 [ . . . ] 02 PROSALVTEI⁽MP⁾M 03 A⁽NT⁾O⁽NI⁾▴GORDIA⁽NI⁾▴ 4 PII▴FEL▴AVG▴ETSA 05 BI⁽NI⁾AE▴TRANQV⁽IL⁾ 06 LINAEAVG▴TOTI 07 VSQ▴DOMVSDIVI 8 NAE▴PROQ▴STATV 09 CIVITAT▴LACTOR 10 TAVROPOLI⁽VM⁾FE 11 CITORDOLACT 12 D▴N▴GORDIANO 13 AVGIIET▴PO⁽MP⁾⁽EI⁾⁽ANO⁾⁽CO⁾S 14 VIIDVSDEC▴CVRANTIB 15 M▴EROTIO▴FESTO▴ET▴M 16 CARINIO▴CAROSACERD 17 TRAI⁽ANI⁾ONVN⁽DI⁾⁽NI⁾O |
01 [s(acrum) M(atri) D(eum)] 02 pro salute I⁽mp⁾(eratoris) M(arci) 03 A⁽nt⁾o⁽ni⁾ Gordia⁽ni⁾ 4 Pii Fel(icis) Aug(usti) et Sa- 05 bi⁽ni⁾ae Tranqu⁽il⁾- 06 linaeAug(ustae) toti- 07 usq(ue) Domus Diui- 8 nae proq(ue) statu 09 ciuitat(is) Lactor(atium) 10 tauropoli⁽um⁾ fe- 11 cit ordo Lact(oratium) 12 D(omino) n(ostro) Gordiano 13 Aug(usto) II et Po⁽mp⁾⁽ei⁾⁽ano⁾ ⁽co⁾(n)s(ulibus) 14 VI idus Dec(embres) curantib(us) 15 M(arco) Erotio Festo et M(arco) 16 Carinio Caro sacerd(ote) 17 Trai⁽ani⁾o Nun⁽di⁾⁽ni⁾o |
Traduction:
(Consacré à la Mère des Dieux), pour le salut de l'empereur Marcus Antonius Gordien, pieux, heureux, Auguste, et de Sabinia Tranquillina, Auguste, et de toute la Maison divine, et pour le maintien de la cité des Lactorates, le conseil des Lactorates a fait un taurobole, sous le deuxième consulat de Notre Seigneur Gordien, Auguste, et celui de Pompeianus, le sixième jour avant les ides de décembre, à la charge de Marcus Erotius Festus et de Marcus Carinius Carus, le prêtre étant Traianius Nundinius.
Apparat critique:
Commentaires:
Alors qu'en 176, l'hommage rendu à Marc-Aurèle (et peut-être à Faustine) apparaissait distingué de la célébration de plusieurs tauroboles privés, le présent document établit nettement le lien entre le culte impérial (englobant le couple impérial tout récemment constitué et l'ensemble de leur domus) et l'organisation d'un taurobole public, accompli au nom de la cité. Celle-ci est d'autant plus engagée dans cette double voie qu'elle associe son propre maintien à l'hommage impérial. Remarquons que le formulaire utilisé (associant hommage aux empereurs et évocation de la sauvegarde d'une collectivité) fut en vigueur à Lyon dès 160 (CIL, XIII; , 1751 : sévir), puis en 190, 194, 197 (CIL, XIII; , 1752-1754 : dendrophores ; couples de femmes), mais sans que l'ordo fût impliqué en tant que tel. Graillot (Graillot 1912; , p. 166) a, par ailleurs, bien insisté sur les liens entre Cybèle et la Fortune/Tyché des villes. La charge de surveiller le bon déroulement des opérations, et sans doute aussi la réalisation et la gravure de l'autel qui est destiné à en garder le souvenir, sont confiées à deux personnages dans lesquels certains ont voulu voir, à tort, des prêtres (alors que la comparaison avec les autres inscriptions contemporaines conduisent obligatoirement à réserver ce titre à Traianius Nundinius ; Lerat 1977; , p. 290-291) et d'autres les responsables d'un collège pro salute imperatoris (Spickermann 1994; , p. 164, n. 227). Il nous semble plus simple de penser que nous sommes en présence des duoviri de l'année ou, moins probablement de deux sévirs, notamment en l'absence d'autres attestations d'un collège de ce type (seulement connu à Auch, en ce qui concerne l'Aquitaine méridionale : ILTG; , 135) ; toutefois, en faveur de cette dernière hypothèse, pourrait jouer le gentilice du premier des personnages, dérivé d'un surnom à consonance grecque très nettement marqué d'une coloration servile. Mais nous préférons penser que nous pouvons nous trouver en présence d'un descendant d'affranchi portant comme son confrère (descendant de pérégrins) un gentilice formé, à la mode gauloise sur un surnom (Erotius est exceptionnel, et Carinius est rare, mais plutôt attesté en Narbonnaise ; Mócsy 1983; , p. 117 et 68 respectivement). Doit-on penser que leurs pères auraient été des bénéficiaires de l'application de la Constitution Antonine? La solennité de l'acte accompli conduit, nous l'avons suggéré, à indiquer le prénom des deux personnages (mention qui amène à nuancer quelque peu les indications habituelles selon lesquelles cet élément de la dénomination aurait été sytématiquement négligé au troisième siècle, si ce n'est dès la fin du second). Quant au prêtre, dont le nom apparaît systématiquement sur les documents métroaques contemporains, il porte lui aussi un type de gentilice formé, cette fois, sur un nomen impérial (peut-on voir en lui le descendant d'un pérégrin, vraisemblablement un militaire ayant reçu la citoyenneté de Trajan?). Il convient aussi de noter qu'au-delà de cet acte public, qui atteste la vitalité des institutions et de la vie municipales, les huit tauroboles privés accomplis le même jour par l'intermédiaire du même sacerdos et par des individus portant duo ou tria nomina, revêtaient un caractère d'adhésion unanime des élites locales à l'hommage rendu au nom de leur ciuitas. Quant à la date retenue, il faut d'une part, nous l'avons dit plus haut, opérer un rapprochement avec celle du premier taurobole célébré à Lyon (CIL, XIII; , 1751), d'autre part remarquer que le second consulat impérial est seul précisé (alors que Clodius Pompeianus accomplissait lui aussi, cette même année, son deuxième consulat), comme si (mais on ne peut exclure tout à fait un souci de gain de place) l'on avait voulu insister avant tout sur l'honneur géré par l'empereur, selon une formule que l'Histoire Auguste elle-même a retenue (Gordiano iam iterum et Pompeiano coss, Vita Gordianorum, XXIII, 5).
Notons enfin que Du choul 1556, 2e éd. 1581; , p. 87, attribue à Lectoure une dédicace à Sabinia Tranquillina qui est manifestement romaine.
Notons enfin que Du choul 1556, 2e éd. 1581; , p. 87, attribue à Lectoure une dédicace à Sabinia Tranquillina qui est manifestement romaine.
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©2013-10-02 Sillières Pierre, Fabre Georges (Édition); Prévôt Nathalie (Encodage TEI); Nathalie Prévôt (Database Design)